Un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis est proche
Les investisseurs continuent à interpréter une partition sans fausses notes, la plupart des indices boursiers et surtout les actions continuent leurs progressions. Sur un an glissant les indices européens ne sont plus très loin de leur niveau d’origine alors que les indices US sont en hausse plus élevée. C’est le vent d’optimisme qui ressort des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine qui justifie la poursuite de la hausse. Autre élément attendu favorablement, les discours de membres de la Réserve fédérale américaine. On attend une clarification de ce que sera la politique de la Fed en 2019. Cette dernière devrait confirmer lors de ses prochaines réunions le maintien de taux d’intérêt stable mais la stratégie relative à l’évolution de son bilan n’est pas très claire. La Fed a en effet récemment indiqué qu’elle souhaitait réaliser son plan visant à réduire son bilan de plusieurs Md$ d’ici la fin de l’année. Mais lors de la réunion du FOMC du 30 janvier, elle a modifié sa stratégie, en écartant certes toujours une nouvelle hausse de taux à court terme mais en se montrant plus flexible dans la gestion de son bilan. Une large partie des minutes porte sur ce dernier point. La Fed devrait ainsi préciser à quelle échéance et à quel niveau elle veut stopper le dégonflement de son bilan. Pour le reste, la Fed a toujours une vision très positive de l’économie US. Sa modification de stratégie s’explique par la chute des marchés d’actions en novembre et décembre. Elle souhaite rassurer les marchés dans cette période troublée. Les minutes ne mentionnent pas l’idée de baisser les taux et continuent d’aller dans le sens d’une hausse plus tard dans l’année si l’inflation se redresse, ce qui pourrait être en bonne voie en raison du début d’inflation salariale dont beaucoup d’entreprises font état aujourd’hui. Nous pourrions ainsi avoir le scénario suivant sur la deuxième partie de l’année, une économie en stabilisation suite à des accords sur la guerre commerciale, une bonne tenue des marchés financiers, une montée de l’inflation ce qui obligera in fine la Fed à remonter ses taux, avec une possible contraction des marchés financiers d’autant que les résultats des entreprises risquent d’être eux aussi en contraction sur le deuxième semestre.
La rencontre entre le responsable chinois des négociations et le président américain a été confirmée jeudi après que Donald Trump ait montré quelques velléités un peu plus positives vis-à-vis de la Chine, notamment sur la question du leadership technologique qui constitue la véritable raison de cette bataille commerciale. Trump a ainsi déclaré que les Etats-Unis devaient gagner ce combat par la concurrence et non par le blocage de technologies et surtout il a prolongé le délai de discussion au- delà du 1er mars, évoquant des progrès substantiels dans les dernières négociations du week-end. Nous venons donc de connaitre une nouvelle semaine de hausse des indices boursiers en 2019 : +0,90% pour l’Eurostoxx50, +1,22% pour le CAC 40 et +1,40% pour le DAX. Le Dow Jones affiche une hausse de +0,57% et le Nasdaq de +0,74%. Enfin, le Nikkei a lui aussi progressé sur la semaine de +2,51%.
Une situation américaine de plus en plus complexe à analyser !
Côté américain, la bataille autour du financement du « mur » semble réglée, provisoirement du moins, ce qui éloigne le risque de shutdown à court terme. Mais les motifs futurs ne manquent pas pour que Républicains et Démocrates continuent de s’opposer au sujet du budget fédéral. Début mars, il y aura en effet un nouveau plafond de dette, ce qui va conduire à une autre négociation d’ici la fin de l’été. En octobre, ce sera aussi le début d’une nouvelle année fiscale et des coupes budgétaires devraient être automatiquement mises en œuvre et il faudra trouver un compromis entre démocrates et républicains pour éviter un resserrement budgétaire trop brutal à un moment qui pourrait être critique si ce confirmait un ralentissement économique prononcé. Les Républicains veulent réduire des programmes sociaux de plus en plus coûteux alors que les Démocrates s‘y opposent. Depuis que Trump est au pouvoir, la forte croissance économique a été due à la hausse des dépenses gouvernementales. Aussi une baisse de ces dépenses et la mise en place d’une sorte d’austérité budgétaire pèseraient fortement sur la croissance américaine.
Les derniers chiffres économiques ne sont d’ailleurs pas très encourageants, la production industrielle a baissé en janvier de 0,6% et pour plus de la moitié, cette baisse provient du secteur automobile qui recule de 8,8%, pour des raisons très conjoncturelles à cause d’un froid polaire dans le Midwest qui a obligé les entreprises à ralentir, voire à arrêter leurs productions.
Eu égard aux premières enquêtes provisoires en février, ce mouvement baissier devrait se poursuivre. D’autres statistiques sont faibles comme les ventes de maisons existantes en janvier qui ont poursuivi leur repli (-1.2%, soit la neuvième baisse en douze mois). A contrario, la confiance des ménages a chuté en janvier avec la forte baisse des marchés financiers et on peut imaginer désormais une reprise. L’indice de l’Université du Michigan confirme cette approche puisqu’il a gagné +4.3 points en février à 95.5 et efface une partie de la baisse de janvier (-7.1). En conclusion, ces différentes statistiques confirment une forme de ralentissement économique sans que cela ne présente encore de grandes inquiétudes car il s’agit plutôt d’une accalmie par rapport à une année 2018 particulièrement bonne.
Craintes pour l’avenir de l’automobile européenne, problèmes pour la croissance allemande
Le rapport du Département du Commerce sur le secteur automobile a été remis le 17 février au président Trump, qui peut attendre désormais 90 jours pour prendre une décision. Son contenu n’est pas rendu public mais sa conclusion pourrait être que les importations de voitures étrangères sont une atteinte à l’économie américaine et qu’elles doivent être sanctionnées par des droits de douane ! Ce scénario attaquerait de plein fouet l’économie allemande et l’économie japonaise.
Trois défis sont au rendez-vous de l’économie allemande : le désordre issu du Brexit, le ralentissement de la Chine et la décélération de l’économie américaine. L’économie allemande est plus exposée que les autres économies à ce ralentissement en raison de sa forte dépendance à l’exportation. Beaucoup d’entreprises annoncent des programmes de réductions de coûts, avec des baisses d’effectifs. Le gouvernement allemand s’attend désormais à une croissance du PIB de seulement 1% cette année, contre une estimation de 1,8%, soit le chiffre le plus faible depuis 2013. Un changement de politique économique est donc possible en Allemagne, avec une demande des libéraux d’aller vers une baisse de la fiscalité des entreprises et une réduction des dépenses publiques. Ces discussions vont accroître considérablement les tensions entre les partenaires de la coalition de la chancelière Angela Merkel, donc des difficultés politiques sont à attendre pour le deuxième semestre 2019.
Jusque-là tout va bien !
La rapidité de la hausse s’estompe quelque peu mais elle est toujours présente stimulée par les avancées en matière de négociations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Les investisseurs sont assez peu sensibles aux différents signes de ralentissement ni au délicat problème du Brexit. Par ailleurs le dernier point relatif à la situation allemande doit inquiéter car lorsque Trump aura terminé sa négociation avec la Chine, il lui faudra un autre « méchant » et ce pourrait être l’Europe et en particulier l’Allemagne.
En dehors de ces questions géopolitiques, les entreprises continuent à publier des résultats 2018 satisfaisants. Une nouvelle dynamique positive s’installe, les fusions acquisitions. On notera cette semaine quelques opérations importantes dont l’achat de Spark Therapeutics pour 4,8 Md$ par Roche Holding et celui un peu plus modique de Clementia Pharmaceuticals par Ipsen pour 1,3 Md$. Ce phénomène est assez logique puisque l’environnement permet peu de croissance interne surtout en Europe et le coût de l’argent reste faible. Les groupes qui disposent de cash et de capacité d’endettement vont profiter encore cette année de cet alignement des planètes favorable à la croissance externe. Les valorisations boursières seront soutenues puisque ces acquisitions se font avec des primes souvent intéressantes, au-delà de 20% pour la plupart. Ces éléments devraient éloigner à court terme le risque d’un repli des marchés mais les cours objectifs rationnels sont désormais assez proches d’être atteints.
Source : Lettre hebdomadaire n°61, lundi 25 février 2019 – Jean-Noël VIEILLE – Chief Economist HPC membre du Groupe OTCex
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