Publications de résultats trimestriels des entreprises.
Les banques centrales entrent en convergence
Ce week-end s’est tenue à Washington la réunion des banquiers centraux. Ils ont donné leur vision de la situation économique et ont analysé le bilan de leurs actions respectives. Comme attendu, ils ont confirmé les indicateurs positifs en termes de croissance. L’accélération est généralisée à l’ensemble des zones et l’investissement des entreprises tend à croître ce qui devrait conforter cette dynamique de croissance sur le moyen terme. Finalement, le seul facteur négatif reste l’évolution des prix qui ne parviennent pas à porter l’inflation aux objectifs de 2%. Les raisons sont connues, en Europe le taux de chômage est trop élevé pour transmettre une pression sur les salaires et aux Etats-Unis, malgré un taux de chômage faible, la remontée du taux de participation (personnes désirant un travail) ne permet pas aux salaires de progresser. C’est du côté de l’évolution des prix des matières premières et notamment du pétrole que nous aurons de bonnes surprises en matière de hausse de prix. On notera un autre élément favorable, l’accélération des prix à la production en Chine.
Finalement, les banques centrales vont faire preuve de patience, conscientes que les relations entre croissance, emploi et inflation restent fortes. Yanet Yellen a confirmé que les hausses des taux directeurs allaient se poursuivre dès la fin de cette année et la BCE devrait le faire dès 2018 puisque l’économie européenne n’est pas dans la même phase du cycle. La Banque du Japon devrait également augmenter ses taux mais encore un peu plus tard. Cette cohérence des approches des banques centrales devrait permettre d’éviter des évolutions trop fortes sur le marché des changes.
Sur la semaine écoulée, les marchés ont été relativement stables : +0,03% pour l’Eurostoxx50, -0,15% pour le CAC 40 et +0,28% pour le DAX. Le Dow Jones affiche une progression de +0,43% et le Nasdaq de +0,24%. Seul, le NIKKEI se distingue avec une très forte progression de +2,55% suite au relèvement des perspectives de croissance du Japon et de la Chine par le FMI. L’indice atteint un point haut de décembre 2015.
Premières publications trimestrielles aux Etats-Unis, des déceptions
Les publications des 4 banques US ont été décevantes avec des résultats inférieurs aux attentes. Citigroup et JP Morgan se sont montrées inquiètes de la faiblesse des activités de « trading » et du ralentissement du crédit à la consommation. Elles ont augmenté leurs provisions pour faire face à une hausse du taux de défauts sur l’activité cartes de crédit. Se confirme ainsi la situation difficile de l’endettement des particuliers américains avec un risque tout particulier sur la dette des étudiants. La semaine prochaine, 57 sociétés du S&P500 publieront leurs résultats dont Netflix (Lundi), Morgan Stanley, Goldman Sachs et IBM (Mardi), eBay et American Express (Mercredi), General Electric et Procter & Gamble (Vendredi). Ces publications devraient confirmer ou non la vigueur de la croissance économique et surtout son impact sur les marges des entreprises. Pour justifier les fortes valorisations actuelles, les entreprises doivent délivrer des résultats. Les profits de l‘ensemble du S&P 500 sont attendus en hausse moyenne de 4,9% au troisième trimestre selon les derniers chiffres de Thomson Reuters, ce qui marquerait un ralentissement après deux trimestres de croissance à deux chiffres. Sur l’année la croissance attendue des résultats du S&P 500 ressort à +13,1% soit un niveau de PER (multiple des bénéfices) de 19,5 fois. Ceci nous semble très élevé, nos objectifs de valorisation pour cet indice nous donnent une surévaluation de l’ordre de 6%. Donc toute déception sur les publications des résultats risque d’être lourdement sanctionnée et c’est le discours sur les perspectives qu’il faudra interpréter.
Pour confirmer notre discours liminaire sur le rôle prochain des banques centrales, Mario Draghi s’est encore félicité cette semaine de la stratégie suivie par la BCE, mettant en avant le bien-fondé de la politique de taux d’intérêts négatifs. Le relèvement des prévisions de croissance de la zone euro par le FMI confirmant cette réussite. Jens Weidmann, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a également déclaré qu’il n’était plus nécessaire que la BCE fournisse un soutien monétaire à l’économie de la zone euro via des rachats d’actifs. Ainsi, le resserrement de la politique monétaire pourrait s’intensifier prochainement, les chiffres macro-économiques s’améliorant nettement. La production industrielle en zone euro pour le mois d’août a augmenté (1,4%, vs 0,5%), témoignant de l’accélération de la reprise en zone euro.
Sur le dossier catalan, comme évoqué dans notre analyse de la semaine dernière, le risque d’une scission de l’Espagne s’est éloigné. Le président catalan Carles Puigdemont essaie de renouer le dialogue avec Madrid. Le gouvernement espagnol a donné ce matin à l‘exécutif catalan jusqu’à jeudi pour qu’il éclaircisse sa position et n’a pas engagé l’article 155 de la constitution qui mettrait la Catalogne sous tutelle espagnole. Carles Puidgemont a confirmé dans une lettre adressée à M. Rajoy son souhait de suspendre pendant deux mois le mandat confié par les Catalans d’aller vers un pays indépendant. Au-delà de cette problématique, le sujet plus inquiétant est l’avenir de la construction européenne. Deux élections de ce week-end ne vont pas forcément dans le bon sens. En Allemagne, la défaite d’Angela Merkel en Basse-Saxe face aux socialistes la fragilise un peu plus au moment où elle va commencer à négocier avec les verts et les libéraux un accord de gouvernement. Plus grave, en Autriche on s’achemine vers une alliance entre le conservateur Sebastian Kurz qui vient de remporter les élections législatives (31,7% des voix) et le parti d’extrême droite FPÔ, ce qui ne favorisera pas l’activation d’une nouvelle politique européenne allant dans le sens de plus de fédéralisme.
La semaine prochaine, 56 sociétés du Stoxx600 publieront leurs résultats trimestriels et notamment Casino, Peugeot, Renault et Fiat (Mardi), Carrefour (Mercredi), Michelin, Pernod, Publicis, Thalès, Icade et Daimler. Sur l’année, d’après le consensus Bloomberg, la croissance des bénéfices du Stoxx 600 devrait être de 33% avec des effets importants de recovery. La hausse des sociétés en résultat positif étant un peu plus modérée à +13,5%. Nos modèles de prévision considèrent globalement qu’en Europe les marchés sont correctement valorisés, donc pour justifier la poursuite de la hausse, il est nécessaire d’avoir une amélioration sur au moins un des critères, une diminution de la prime de risque ou une accélération des croissances bénéficiaires.
La finance comportementale au secours de la hausse, mais volatilité accrue avec les publications
Nous entrons dans un momentum boursier important avec l’accentuation des publications des résultats des entreprises pour le troisième trimestre. Cela va sans conteste créer de la volatilité après une phase de rebond boursier assez significatif. D’un point de vue fondamental, notre approche reste toujours la même. Nous considérons que la valorisation des actions américaines reste trop élevée alors que l’Europe dispose d’une marge d’appréciation. La prochaine réunion de la banque centrale européenne le 26 octobre pourrait apporter son lot de déception si se confirme la décision de stopper les rachats d’actifs.
Sur le plan politique, en dehors de la situation espagnole toujours délicate, Theresa May va rencontrer Jean-Claude Juncker à Bruxelles en vue du sommet européen de jeudi. Les avancées de la part de la Grande-Bretagne sont très faibles ce qui ne devrait pas permettre de passer à la prochaine étape des négociations.
Nous ne pouvons donc pas considérer que les zones de risques sont derrière nous en dépit d’une amélioration économique qui se confirme mais les marchés l’ont déjà largement anticipée. Le soutien actuel pourrait venir du biais de la finance comportementale à savoir que les investisseurs vont continuer à acheter par rapport à une aversion aux regrets (on achète pour ne pas le regretter plus tard), un biaIs momentum (la hausse donne confiance) et enfin le cadrage hédonique (on éparpille les prises de profit dans le temps mais on agrège les pertes). Les publications à venir vont être le catalyseur principal de l’évolution future des marchés, donc le verdict approche pour cette fin d’année.
Lettre hebdomadaire n°2, lundi 16 octobre 2017 Jean-Noël VIEILLE- Chief Economist HPC membre du Groupe OTCex
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